Pourquoi Adji Sarr a-t-elle parlé en français ?
Arrivée au tribunal, ce matin, pour une confrontation devant le doyen des juges, avec Ndèye Khady Ndiaye, son ancienne patron, Adji Sarr s’exprime en français : « Je dis oui au procès !».
Adji a martelé cette phrase, inscrite sur des pancartes, devant elle brandies par des souteneurs qui se sont visiblement préparés, autant qu’elle, suite à des séances de briefing pour harmoniser la communication.
Tout semble obéir à une théâtralisation, une mise en scène préparée à l’avance, attendant ce jour pour dérouler le spectacle. Adji Sarr a même eu droit à un traducteur, un porte-voix, un gueulard, qui traduit et transmet son message en wolof : « Neena il (sic) dit oui au procès !».
Il est donc clair que cette fille dispose d’une équipe qui la prépare à tous points de vue, jusque dans la démarche, jusque dans l’accoutrement et la façon de s’exprimer.
Depuis quelques temps, Adji utilise de plus en plus la langue de Molière et va même jusqu’à rouler les « R ».
En effet, il faut retenir que, contrairement à sa première sortie sur Leral Tv, Adji s’adresse de plus en plus à la communauté internationale et de moins en moins aux Sénégalais.
Tout laisse croire que ses souteneurs, sentant le combat de l’opinion nationale perdue, l’orientent vers la communauté internationale.
Il suffit d’analyser la métamorphose de la fille, le changement de son mode vestimentaire et de son expression pour s’en convaincre.
Lors de la première sortie, elle est apparue en arborant des vêtements pour se donner les apparences d’une sainte innocente, comme du reste le font beaucoup de personnes en mauvaise posture, dans le but de toucher la sensibilité des Sénégalais.
Le moyen le simple consiste à se donner l’image d’un (e) religieux (se).
Au Sénégal, il faut l’affirmer, l’habit fait encore le moine !
La deuxième fois (entretien avec France 24, Jeune Afrique et RFI) on a voulu faire passer l’image d’une jeune dame africaine moderne persécutée par une société phallocrate.
Aujourd’hui, Adji Sarr arrive au tribunal dans le but de donner l’impression d’une femme battante, une tigresse déterminée à affronter tout obstacle sur son chemin, cette société qui a refusé de se laisser séduire par ses deux dernières sorties.
Ce n’est plus la fille voilée, mais la jeune dame à l’accoutrement moderne (longue robe blanche, en tissu fin, presque transparent, qui rappelle d’ailleurs curieusement un peignoir, laissant suggérer une certaine féminité, un sac noir, des chaussures d’ « été ».
C’est l’image de la femme mondaine, qui n’a rien à voir avec celle qui déclare éprouver de la peine à s’acheter des « culottes ».
Le message est donc suffisamment clair, comme pour dire aux Sénégalais : « Puisque vous ne me soutenez pas, je vais désormais m’adresser à la communauté internationale ».
Cette « starification » d’Adji Sarr laisse penser à une volonté de la positionner comme un porte-étendard de la lutte pour l’émancipation de la femme.
Cependant, elle est en proie à de nombreuses hésitations, encore perceptibles dans sa posture, sa gestuelle (elle ne cesse de se retourner en marchant et de recevoir des directives de la part de ses accompagnants.
En somme, Adji donne l’image d’une fille étourdie, qui évolue dans un milieu totalement étranger, à la merci de son entourage dont elle est entièrement dépendante.
Cette fille agit sous la supervision d’une équipe composée de son avocat, Maître El Hadj Diouf, qui encourage les journalistes à filmer, de l’autre avocat, Maître Abdou Dialy Kane, qu’on a tendance à oublier, voire à négliger, et de la féministe, au sens occidental du terme, la seule d’ailleurs dans son genre au Sénégal, Gabriel Kane, qui lui donne des consignes (démal wouyou gni : va répondre à ceux-là).
En réalité, tout ce monde ne représente que la partie visible de l’iceberg. De plus en plus, toutes les pièces du puzzle vont se retrouver à l’endroit. Des noms, des visages, et peut-être même des structures et des organisations, vont apparaître progressivement.
Au fur et à mesure, les masques vont tomber.
Amadou Sow