MIGRANTS MORTS À MELILLA
L’Algérie charge le Maroc et dénonce des « exécutions sommaires »
L’Algérie a qualifié hier de « carnage » la mort de 23 migrants subsahariens vendredi à Melilla, l’enclave espagnole située au nord du Maroc. Un précédent bilan fourni vendredi faisait état de 18 morts.
Ce drame a eu lieu après la tentative de 2.000 migrants subsahariens de passer la frontière vers l’Espagne. C’est la troisième fois depuis une année que des migrants subsahariens tentent d’entrer à Melilla.
Les deux précédentes tentatives ont eu lieu en juin 2021 et mars 2022, alors que les relations entre le Maroc et l’Espagne traversaient une période de turbulences. Les deux pays se sont réconciliés le 18 mars dernier après la décision de Madrid de soutenir le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental.
Des scènes choquantes ont été diffusées sur les réseaux sociaux, montrant des migrants allongés par terre, sous la surveillance des forces marocaines qui sont intervenues brutalement pour les empêcher de franchir la barrière qui sépare Melilla du territoire marocain.
Pour Amar Belani, envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb au ministère algérien des Affaires étrangères, les « images de ce carnage sont extrêmement choquantes ». « Elles renseignent sur l’extrême brutalité et l’usage disproportionné de la force qui s’apparentent, en la circonstance, à de véritables exécutions sommaires », a-t-il dénoncé dans une déclaration à TSA.
L’Algérie réclame une enquête indépendante.
L’ambassadeur algérien charge violemment le Maroc et l’accuse d’être responsable de ce drame qui a choqué le monde entier. « Ces événements tragiques mettent en relief la violation systématique des droits humains de la part d’un État qui a choisi, d’une part, d’instrumentaliser l’épouvantail de la submersion migratoire à des fins de chantage politique et d’autre part, de jouer le rôle de gendarme -contre espèces sonnantes et trébuchantes- dans le cadre de l’externalisation de la gestion des frontières extérieures de l’Union européenne ».
Pour Amar Belani, les images choquantes de migrants morts à Melilla faussent les tentatives du régime marocain de soigner son image. « On est très loin du prétendu rôle exemplaire théâtralisé lors de la tenue du sommet à Marrakech du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières », souligne Amar Belani qui réclame l’ouverture d’une enquête indépendante pour faire la lumière sur le « carnage » de Melilla.
« Les instances internationales et plus précisément le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés doivent diligenter des enquêtes indépendantes et transparentes pour déterminer les responsabilités et faire la lumière sur ces événements tragiques qui ont fait craquer le vernis de la pseudo « approche humanitaire dans la gestion des problèmes de la migration » », a-t-il réclamé.
Amar Belani enfonce le clou en estimant que le drame de Melilla a dévoilé le « vrai visage » du Maroc, « prétendu “champion” de la migration au sein de l’Union africaine et accueillant sur son territoire le siège de l’observatoire africain de la migration » et qui « nous rappelle par son approche purement prosélyte et zélatrice le magistère fictif qu’il prétend assumer à la tête du comité Al-Qods ».
Avec Tsa